Jonas: être un homme gay dans l’Amérique après l’élection de Trump
Jonas a 57 ans. Il vit aux États-Unis depuis des décennies, travaille comme diplomate, et élève deux enfants. Mais ces derniers temps, il se pose une question qui le hante, a-t-il encore sa place ici ?
Il est né au Portugal, dans une famille catholique très conservatrice. « J’ai compris assez tôt que j’étais gay, et que ce serait un problème. Chez moi, c’était tabou. » À 13 ans, il prend une décision radicale, partir. « J’ai fui parce que je ne pouvais pas être moi-même. Je savais que rester, c’était me détruire. »
Après une période difficile, Jonas est adopté par une famille mormone aux États-Unis. Une nouvelle chance, mais pas une solution miracle. « J’étais en sécurité, mais pas libre. Encore une fois, je devais cacher qui j’étais. »
Aujourd’hui, ce n’est plus son passé qui l’inquiète, mais l’avenir du pays. L’élection présidentielle de 2024 a réveillé en lui un profond malais. « Ce qu’on voit aujourd’hui, sous Trump, c’est un recul terrible des droits. Pas seulement pour les LGBT, mais aussi pour les immigrés, les personnes racisées, toutes les minorités. »
Jonas parle d’une montée des discours de haine, qu’il ressent jusque dans la rue ou sur les réseaux sociaux. « Ce ne sont pas juste des lois, c’est un climat. Un climat qui rend la haine normale. » Il se dit particulièrement inquiet pour ses enfants. « Je me demande dans quel monde ils vont grandir. J’ai peur qu’ils s’habituent à la violence, au rejet. »
Il confie avoir déjà pensé à quitter les États-Unis. « Je ne sais pas si c’est encore un pays sûr pour moi, pour eux. » Mais il n’a pas renoncé à tout espoir. « Les jeunes, c’est notre seule chance. Il faut qu’ils continuent à parler, à se battre, à prendre leur place. Je crois encore qu’on peut construire quelque chose de plus juste. »
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